François Hollande était partout : Et Abdelaziz Bouteflika n’a rien à dire aux Algériens...
Une conférence de presse mercredi 19 décembre, une interview à France 2 dans la soirée, un discours jeudi devant le Parlement algérien, un entretien aux quotidiens El Watan et El Khabar, une prise de parole devant les hommes d’affaires algériens et français, encore un entretien vendredi sur radio Europe 1, François Hollande aura occupé l’espace médiatique des deux côtés de la mer. Son homologue algérien est resté muet.
Le président français a beaucoup parlé, le président algérien n’aura rien dit. Pas pipé un mot.
Durant les deux jours qu’aura duré sa visite en Algérie, François Hollande a fait l’événement tant et si bien que, concernant ce voyage, sur les moteurs de recherche de google et autres, tous les articles de presse, toutes les dépêches des agences mondiales, sur les sites des radios et des chaînes de télévisions, deux mots reviennent avec insistance : François Hollande.
Pas celui du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Lui a fait dans le décorum.
Une première fois mercredi avec un bain de foule à Alger, en compagnie de M. Hollande autour d’une foulée importée comme savent si bien les importer et les fabriquer ses services de protocole. Une seconde fois jeudi à Tlemcen, la ville dont il fut député en 1962, où il s’adonnera au même rituel suranné du défilé populaire. Fermez le ban.
Pas une seule fois, durant ces deux jours de séjour hollandien, Bouteflika n’a-t-il desserré les dents en public.
Certes, cette visite d’Etat est celle du président français qui avait des choses dires aux Algériens et aux Français, mais le chef de l’Etat algérien aurait pu lui aussi prendre la parole avant, pendant et après ce voyage pour s’adresser à ses compatriotes.
Bouteflika aurait pu leur expliquer, par exemple, pourquoi lui qui disait le 18 mai 2006, qu’ « il est aujourd'hui de notre devoir envers le peuple algérien et les chouhada (martyrs), de réclamer des excuses officielles de la part d'une nation dont la devise révolutionnaire a de tout temps été liberté, égalité, fraternité », pourquoi a-t-il renoncé à ce devoir ?
Il aurait pu s’exprimer sur le discours du chef d’Etat français, sur l’usine Renault, sur la « déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération », sur la mémoire, sur le passé colonial, sur le Mali, sur la Syrie… Bref être président comme l’est M. Hollande avec les Français
Mais hormis une interview par écrit accordée une semaine plutôt à l’agence AFP, Abdelaziz Bouteflika a entretenu le silence, a cultivé le détachement.
Il y a dans l’attitude de cet homme qui est aux commandes de l’Etat depuis 13 ans presque de l’indifférence à l’égard des affaires de son pays, à l’égard de ses compatriotes.
Les conférences de presse ? Il a cessé de les donner depuis presque huit ans. Les entretiens aux journalistes et aux médias de son pays ? C’est qu’il les méprise tellement que l’idée qu’un journaliste algérien s’entretienne avec Abdelaziz Bouteflika relèverait d’un crime de lèse-majesté. Les discours à ses concitoyens ? Son dernier en date remonte au 8 mai 2012. C'est-à-dire il y de cela 225 jours.
Il se dégage alors cette impression que le chef de l’Etat a traversé cette visite de son homologue français comme un fantôme. Et il n’est pas faux de penser que ces deux bains de foules, dans la capitale et à Tlemcen, auraient été organisés encore davantage pour lui, pour sa gloire, son égo, que pour son hôte français.
Mais la vérité est le président Abdelaziz Bouteflika n’a presque plus rien à dire aux Algériens.
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