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dimanche 10 février 2013

Pour en finir avec la colonisation de la langue arabe - Kabyles.Net

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 Pour en finir avec la colonisation de la langue arabe

Pour en finir avec la colonisation de la langue arabe

dimanche 10 février 2013, par Mathieu Aksil Zaher

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La langue arabe imposée aux populations berbères d’Afrique du Nord est tout simplement une forme de colonisation, écrit Alexandre Martinez, jeune étudiant passionné de langues, dont tamazight.

Alors qu’il était encore en prison, l’écrivain kényan Ngũgĩ wa Thiong’o a commencé l’écriture en langue kikuyu de Pour décoloniser l’esprit, son ouvrage le plus connu, signifiant ainsi son adieu à la langue anglaise.
Par la suite, Ngũgĩ continua ce processus de décolonisation en renonçant au christianisme et à son nom anglais. Ses théories ont inspiré nombre de militants africains confrontés à la marginalisation des langues indigènes au profit de la langue coloniale.
Ce sont les langues européennes, parlées par les derniers colonisateurs en date, qui sont majoritairement tenues pour responsables de cette marginalisation. Mais il ne faut pas oublier la dominance coloniale de l’arabe en l’Afrique du Nord. La confusion entre Afrique du Nord et du Moyen-Orient illustre d’ailleurs bien ce problème
L’hégémonie de l’arabe
Les Amazighs sont les habitants autochtones de l’Afrique du Nord, une région qu’ils appellent Tamazgha. Leur langue, le tamazight, est parlée par des millions de personnes en Afrique du Nord et dans la diaspora amazighe.
Depuis l’expansion de l’islam au Maghreb au VIIe siècle, l’arabe est devenu la langue coloniale du Tamazgha. Dans tous les pays d’Afrique du Nord, le processus d’arabisation s’est fortement accéléré après les indépendances du XXe siècle, exception faite de la Tunisie, dont le premier président Habib Bourguiba a refusé d’adopter le nationalisme arabe de Nasser et a préféré se tourner vers l’Europe, et la France en particulier.
Mais l’arabisation, sous couverture de décolonisation européenne, est en réalité une colonisation aboutissant à de fortes discriminations envers la langue tamazighe. La France a reconnu le tamazight comme faisant partie de son patrimoine linguistique, ce qui n’est toujours pas le cas dans le Maghreb.
Que vaut la décolonisation linguistique si seules les langues européennes sont prises en compte ? L’arabe a été aussi destructeur pour les langues africaines que le français ou l’anglais. Les pratiques discriminatoires dans les écoles continuent d’exister de nos jours. Les langues africaines disparaissent au profit de l’arabe, supposé plus prestigieux. Cette imposition de l’arabe fait donc des Amazighs des Arabes, ce qui est loin d’être le cas.
Une lutte contre la répression linguistique
En fait, les politiques d’arabisation avaient pour but d’unir les « peuples arabes ». A la place, cette imposition violente a débouché sur l’aliénation de l’identité amazighe, et à de fortes discriminations.
Aujourd’hui encore, les parents voulant donner un nom amazigh à leurs enfants se voient octroyer un refus, une pratique dénoncée par les associations de défense des droits de l’homme.
Battre les enfants pour qu’ils abandonnent leur langue est une pratique courante. Malgré le rôle dominant des populations amazighes en Tunisie notamment, le tamazight continue d’être exclu des langues officielles dans les pays concernés. Le retour sur le devant de la scène d’islamistes tels que Rached Ghannouchi ne va pas améliorer la situation.
Lors d’une séance parlementaire au Maroc, la député Fatima Tabaamrant s’exprima en tamazight, ce qui donna lieu à un arrêt interdisant l’usage de cette langue au sein du Parlement. L’opposition islamique au tamazight et à son alphabet (tifinagh) est donc en plein essor.
L’Afrique du Nord connaîtra peut-être dans le futur un rejet de l’arabe et un retour des langues autochtones. La décolonisation n’est pas qu’une métaphore : le rejet de l’hégémonie arabe en Tamazgha passe d’abord par la lutte contre la répression linguistique.
Par Alexandre Martinez

Concert des nations : l'Algérie cléricale aurait toujours honte du livre amazigh | Vous avez dit

Concert des nations : l'Algérie cléricale aurait toujours honte du livre amazigh

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Par Le Matin | Il y a 45 minutes | 99 lecture(s) | Réactions (0)
La 19ème édition du Salon International du Livre et de l'Edition de Casablanca (Maroc) ouvre du 29 Mars au 07 Avril prochains (2013). La participation est ouverte jusqu'au 31 janvier 2013.
Il serait intéressant combien de livres en tamazight seront exposés. Il serait intéressant combien de livres en tamazight seront exposés.
Le formulaire de participation que les éventuels participants sont tenus de remplir à cet effet est téléchargeable à partir du site officiel du Ministère marocain de la culture ; il ne comporte aucune discrimination de nature linguistique. Même si rien n'y rappelle que tamazight est désormais une langue officielle du Royaume.
Le 33e Salon du livre de Paris se tiendra, quant à lui, du vendredi 22 au lundi 25 mars 2013. Les professionnels du livre sont invités à se pré-accréditer afin d'obtenir le badge d'accès au Salon. La pré-accréditation s'effectuera prochainement en ligne, sur le site officiel du Salon. A un moment où la langue française est présente avec force dans l'aire culturelle amazighe (berbère), y compris désormais en Libye, il serait intéressant de savoir combien de livres écrits en tamazight seront présents à ce salon : ça serait une bonne manière de jauger l'état du dialogue des langues et des cultures.
L'Algérie participera à ces deux événements internationaux. Le regroupement et l'acheminement des ouvrages ainsi que la gestion du stand Algérie dans ces deux salons sont confiés à l'Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG), entreprise dont relève le Salon international du livre d'Alger (Sila) en tant que filiale de celle-ci. Tout est beau. Cependant, dans le message que le manager officiel de cette participation a envoyé aux éditeurs et dont nous avons pu avoir une copie, ceux-ci sont invités à lui transmettre la liste de titres avec lesquels ceux-ci ont l'intention de participer à ces deux salons internationaux, en précisant que ces titres sont d'ouvrages écrits soit en arabe, soit en français, d'éditions récentes, c'est-à-dire de l'année en cours ou de l'année écoulée.
Passe que le site de l'ENAG propose à ses visiteurs un catalogue de livres édités en arabe et un autre en français, mais ne propose rien, pas même un lien non-fonctionnel (3la 3youn nnas) en ce qui est de tamazight. Mais que la suggestion ainsi faite que les livres écrits en tamazight ne feront pas partie du voyage est un indice trompeur de la honte que le manager officiel ressent à trimballer des œuvres d'esprit écrits dans une langue qui, pour lui, ne serait pas une œuvre d'esprit !
On la parle avec nos pieds, notre tamazight. Peut-être même qu'on la pète au lieu de la parler, mais on la pète désormais par écrit et cet écrit est visiblement censuré à l'ENAG, entreprise nationale, oui, mais qui ignore que tamazight est langue plus nationale que le français, oui, mais qui ignore aussi qu'elle est de même une entreprise publique et que tamazight a son public et que ce public a besoin de savoir s'il y a du nouveau au rayon de l'édition en tamazight.
Calmons-nous. L'ENAG est seulement le manager officiel de cette double participation. L'ordonnateur en est le ministère de la Culture, c'est-à-dire le Gouvernement. Et que le site de l'Entreprise nationale  des arts graphiques ne propose aucun titre en tamazight, et que le manager ENAG précise qu'il est preneur de livres en arabes et en français – et donc qu'il n'est pas preneur de livres en swahili, en tchèque, en tamazight, etc.- signifie que le Gouvernement est riche pour transporter des livres écrits en arabe et en français, mais très, très pauvre, tellement pauvre qu'il ne peut payer l'édition, encore moins le voyage à nul ouvrage écrit en tamazight. Vous êtes beaux, les mecs. La République risque de prendre exemple de coquetterie sur vous…
Tahar Hamadache
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