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dimanche 16 juin 2013

« Seule l’autonomie intéresse le peuple kabyle ! » | Tamurt.info - Votre lien avec la Kabylie

Bouaziz Aït-Chebib à Akbou :
A son arrivée à Akbou, le président du MAK et la délégation qui l’a accompagné, en l’occurrence, M° Fatiha Rahmouni et M. Mourad Imache, se sont rendus directement au cimetière des Martyrs où les attendaient déjà les membres de la section MAK d’Akbou, pour se recueillir à la mémoire des trois martyrs du Printemps Noir, à savoir feus Slimane Arzug (1973 – 2001), Abdennour Netkali (1974 – 2001) et Karim Sidhoum (1984 – 2001).
16/06/2013 - 15:06 mis a jour le 16/06/2013 - 15:27 par Saïd Tissegouine
C’est la ville d’Akbou, fief des autonomistes kabyles, qu’a choisi hier le président du Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), Bouaziz Aït-Chebib, pour animer un meeting. C’est l’esplanade de la salle de cinéma 20 Août 1956 qui a été choisie comme lieu exact du rendez-vous lequel a été organisé par la section MAK d’Akbou.
Devant une assistance nombreuse et attentionnée en dépit d’un soleil de plomb, Bouaziz Aït-Chebib a développé plusieurs points relatifs à la réalité de la Kabylie et à la légitimité du combat du peuple kabyle pour son autodétermination. En parfait connaisseur de son dossier, Bouaziz Aït-Chebib a commencé par aborder le volet historique du MAK pour démontrer ensuite « la fausseté et le leurre » de la constante « Algérie, une et indivisible ». Le second volet du discours de l’orateur sera consacré aux richesses naturelles de la kabyles et ses ressources humaines qui ne sont pas des moindres d’où le démenti catégorique à ceux, par innocence ou par calculs, qui tentent de faire croire que les Kabyles doivent leur « survie » aux ressources pétrolières du Sud algérien et, par conséquent, à défaut de leur prise en charge par l’actuel Etat algérien, ils crèveraient de faim sur leur talus.
Avec des données chiffrées réelles et des arguments scientifiques à l’appui, le président du MAK a prouvé qu’une fois l’autodétermination acquise, le cadre et les conditions de vie du peuple kabyle n’en seront que meilleurs. « Nous aurons même le luxe de nous passer de cette manne financière émanant du pétrole », a assuré Bouaziz Aït-Chebib.
Abordant ensuite le volet identitaire, le président du MAK a souligné le danger pesant sur l’identité kabyle si « nous continuons à évoluer dans le cadre de l’Etat-Nation algérien qui a pour constantes l’arabité et l’islamité ». Bouaziz Aït-Chebib ne ratera pas l’occasion de « démontrer » que les autres Algériens refusent catégoriquement de prendre les Kabyles pour leurs concitoyens à part entière. En effet, le refus de Mouloud Hamrouche de jouir de l’appui de la famille politique du Front des Forces Socialistes (FFS) pour affronter les présidentielles prochaines sera grandement cité comme exemple par Bouaziz Aït-Chebib quant au rejet du Kabyle par l’Arabe. « Si Mouloud Hamrouche a refusé toute aide du FFS, parti bien kabyle, c’est par crainte d’être sanctionné par les autres Algériens », a vivement martelé le président du MAK. « N’est-ce pas que ceci constitue une énième preuve de la différence existante entre nous, les Kabyles, et les autres Algériens ? », a crié l’orateur avant de lancer, encore une fois, une perche aussi bien pour le RCD que le FFS, «  partis politiques bien kabyles et vus aussi comme tels par les autres Algériens, de cesser de croire à cette « Algérie, une et indivisible » qui n’est qu’un slogan ».
Le soleil a atteint son zénith et tape très fort. Avec la poussière dans l’air, on a du mal à distinguer les lointaines collines se trouvant au sud-ouest de la charmante ville d’Akbou. En dépit de cela, Bouaziz Aït-Chebib continue à jouer du verbe fort et l’assistance à prêter l’oreille fine. En effet, l’orateur abordera le sujet portant sur les provocations sans cesse et sans retenue du pouvoir vis-à-vis de la famille militante et patriotique du MAK. Il citera les exemples de Kamel Chetti, condamné à six mois de prison dont « le crime » est son militantisme pour l’autodétermination du peuple kabyle, du président du Gouvernement Provisoire Kabyle (GPK), Ferhat M’henni, qui non seulement est poussé à l’exil mais sur qui pèse aussi un mandat d’amener. Toujours à propos du Président du GPK, Bouaziz Aït-Chebib dénoncera avec une extrême vigueur « l’infamie » commise par le pouvoir à son endroit. « Le père de Ferhat M’henni est mort les armes à la main pour que l’Algérie retrouve son indépendance », a clamé le président du MAK pour enchaîner : « Ferhat M’henni a connu l’enfer de la prison pour faire valoir des Algériens à la démocratie et à la liberté. Et pour avoir refusé la compromission et la corruption, ce pouvoir, toute honte bue, l’a poussé à l’exil. Et comme Ferhat M’henni ne faiblit pas et ne fléchit pas, on assassine son fils. Et comme il a toujours refusé d’abdiquer, par le biais d’un torchon se prétendant un journal, on a poussé l’outrecuidance jusqu’à s’attaquer à sa mère en tentant de lui faire dire ce qu’elle n’a jamais dit et ce qu’elle n’a jamais pensé dire. En s’attaquant à sa mère, on a voulu en réalité s’attaquer à Ferhat M’henni car on a pensé que c’était là la cheville d’Achille. C’est moi-même qui ai présenté na Ouiza à la presse pour témoigner qu’elle n’a jamais tenu les propos rapportées par la journaliste d’Annahar. En dépit cette multitude de coups fourrés, Ferhat M’henni est toujours debout et reste inébranlable dans ses convictions ». Tels sont les propos tenus par Bouaziz Aït-Chebib sur ce chapitre renseignant assez sur le cas des dirigeants du MAK-GPK qui reste comme une épine sur la gorge du pouvoir.
Revenant au cas de Kamel Chetti, « victime d’un complot ourdi contre lui par le pouvoir », le président du MAK a lancé un appel aux Kabyles pour venir le soutenir mardi prochain, jour de la révision de son procès par le tribunal criminel de Tizi-Ouzou.
Afin de clore le meeting, Bouaziz Aït-Chebib a évoqué la maladie du président de la république algérienne, Abdelaziz Bouteflika, et la prochaine élection présidentielle. Dans ce cadre précis, le président du MAK dira que le peuple kabyle n’est pas concerné par ces questions. « Abdelaziz Bouteflika n’est pas reconnu par le peuple kabyle comme son président et ne reconnaître pas non plus le futur président de l’Algérie », a déclaré l’orateur avant de réitérer que le seul objectif de la Kabylie est « son accès à l’autodétermination ».
Addenda : A son arrivée à Akbou, le président du MAK et la délégation qui l’a accompagné, en l’occurrence, M° Fatiha Rahmouni et M. Mourad Imache, se sont rendus directement au cimetière des Martyrs où les attendaient déjà les membres de la section MAK d’Akbou, pour se recueillir à la mémoire des trois martyrs du Printemps Noir, à savoir feus Slimane Arzug (1973 – 2001), Abdennour Netkali (1974 – 2001) et Karim Sidhoum (1984 – 2001). La cérémonie de recueillement s’est traduite par le dépôt d’une gerbe de fleurs sur leurs tombes, l’observation d’une minute de silence à leur mémoire et d’un discours. Dans sa prise de parole, Bouaziz Aït-Chebib a rappelé le principe et la cause pour lesquels se sont sacrifiés les trois jeunes martyrs l’instar de beaucoup d’autres jeunes Kabyles. Le président du MAK a affirmé aussi que le peuple kabyle n’oubliera jamais ses martyrs et ses héros. « Un peuple amnésique, a souligné le président du MAK, ne mérite ni la liberté ni la dignité ». Sur ce, on quitta ces lieux paisibles et solennels au même temps pour se retrouver quelques temps plus tard devant le cinéma le 20 Août 1956.
Said Tissegouine

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Histoire d'Algérie : L’affaire MATOUB

L’affaire MATOUB

Histoire d'Algérie


L’affaire MATOUBEn début d’après midi du jeudi 25 juin 1998, la radio Algérienne annonçait l'assassinat du chanteur kabyle LOUNES MATOUB par un groupe de terroristes appartenant au GIA.
L'été s'annonçait chaud car le bras de fer entre les généraux de l’état major de l'ANP et ceux des services de la DRS (Mohamed LAMARI, Mohamed TOUATI, Fodil CHERIF, Mohamed GHENIM, Mohamed MEDIENE et Smain LAMARI) d’un côté, et le clan de la présidence dirigé par ZEROUAL et BETCHINE, de l’autre, avait pris une tournure dramatique, et les pressions et les marchandages habituels,  autrefois à peine perceptibles,  avaient cédé la place aux menaces et aux insultes par presse interposée avec une véracité sans précédent.
Les généraux du clan LAMARI voulaient à tout prix la tête de "BETCHINE"  l’ancien patron des services et l'ami personnel du président Liamine ZEROUAL devenu ministre conseiller, qu'ils soupçonnaient de préparer avec d'autres officiers (parmi lesquels, on retrouve un ex-commandant du CPMI/Ben Aknoun,  le lieutenant-colonel Haddad Abdelkader alias colonel Abderrahmane; surnommé le "Tigre" à cause de son professionnalisme), une nuit des longs couteaux.
En effet, dès son arrivée au siège de la présidence, Betchine avait rappelé à ses côtés, des officiers issus de la DRS (mis à l'écart et en froid avec Toufik depuis le départ de Betchine du service) pour constituer le bureau des affaires de sécurité nationale. Le bureau dirigé principalement par Betchine, secondé par le lieutenant-colonel Zoubir et le "Tigre" était en charge des questions relatives à la sécurité de l'état et avait des sources d'informations diverses à l'intérieur de l'armée et dans le milieu civil. Le traitement et l'exploitation des informations récoltées par le bureau de Betchine offrait au président Zeroual la liberté de prendre des décisions touchant des domaines sensibles comme celui de la défense.
Un des grands coups réalisés par le bureau de Betchine est le limogeage du général AbdelMadjid Taghit pour cause de corruption ou celui du général Said Bey pour cause de négligence grave. La présidence a exigé et obtenu le départ du général SAID BEY patron de la première région militaire et très proche du clan LAMARI-TOUFIK (désigné par la suite, par Mohamed Lamari comme représentant de l'ANP à l'OTAN) suite à sa passivité coupable avant et après les grands massacres de 97.
L'image de la présidence Algérienne a été bien plus que secoué à cette période étant donné que les coupables des massacres sont restés à ce jour dans une totale impunité. Pour le président ZEROUAL, le responsable principal de la situation catastrophique en Algérie était évidemment Mohamed LAMARI, le chef de l'état major de l'ANP, qui a ordonné quelques jours avant les massacres aux troupes de ne pas quitter les garnisons à partir de 22heures sous peine  de graves représailles envers les contrevenants.
A l'intérieur de ces même casernes très proches des lieux de massacres et contraintes à l’immobilité, les soldats entendaient les cris et les appels au secours des centaines de victimes, pire encore les rares survivants qui ont réussi à arriver aux portes des casernes pour demander de l'aide ont été refoulés par des soldats qui obéissaient à des ordres qu'ils ne comprenaient pas et qui les mettaient dans une perdition totale.
Presque au même moment, le gouvernement OUYAHYA peaufinait  la loi d’arabisation générale (maintes fois annoncée puis ajournée), sous le la direction du président ZEROUAL.
C’est dans ce climat glauque qu’une réunion décisive de haute importance a regroupé dans une villa proche de la capitale appartenant aux services de la DRS, des officiers supérieurs de l'ANP et des représentants du RCD.
Les officiers qui ont été dépêchés par les responsables du cabinet  noir, sont en l'occurrence le général Mohamed TOUATI, tête de fil de la nouvelle mouvance au sein de l'ANP (Après la mouvance arabo-revolutionnaire issue de l'ALN, c'est la mouvance laïque constituée d'ex-officiers de l'armée française qui a pris la tête de l'ANP) et le colonel M. Fergani Alias MERZAK un des anciens éléments de la DRS et personnage très introduit dans les milieux Kabyles et officier traitant de plusieurs sources (agents) au sein du MCB et du RCD  (Merzak est l'un des rares hommes de confiance de Toufik en charge exclusive du dossier Kabyle).
Du côté du RCD, KHALIDA MESSAOUDI une activiste bèrbère très acquise aux thèses érradicatrices de TOUATI pour la lutte anti-terroriste et Noureddine AIT HAMMOUDA chef d'une des plus importantes milices du pays.
Après les formalités d'usage entres les personnes présentes qui se connaissaient du reste très bien, puisque cette rencontre n'était pas la première du genre , la séance est officiellement ouverte et c'est Noureddine Ait Hammouda qui prend en premier la parole pour exprimer avec beaucoup d'émotion l’inquiétude de la composante BERBERE de la population face aux risques d’explosion que générera la mise en pratique du projet de loi relatif à la généralisation de la langue arabe. Ait Hammouda spécifie bien que pour tous les Kabyles, le synonyme d'arabisation est islamisation et terrorisme, il évoque même les pires scénarios si ce projet est conduit à son terme.
En réponse le général TOUATI suggère aux représentants du RCD une mobilisation des artistes et des intellectuels surtout kabyles avant toute chose même à l'échelle internationale, et passer ensuite à la mobilisation de la rue (Manifestations, grèves, boycottages) pour contrer le gouvernement et l'obliger à revoir son projet.
KHALIDA MESSAOUDI fait remarquer au général TOUATI que le temps presse et que la population kabyle est lasse des grèves et des slogans devenus classiques, et que de toute façon la division du MCB (avec ses deux tendances, la coordination proche du RCD et la commission proche du FFS) d'un côté, et la lutte entre le RCD et le FFS rendent la mobilisation populaire, une chose tout à fait impossible : » l’expérience, disait-elle, nous a démontré que les conservateurs n’entendent pas raison lorsqu’il s’agit de mobilisation pacifique comme pour l’abrogation du code de la famille alors que les intégristes ont réussi a nous imposer avec la violence, leurs représentants au sein même du gouvernement .
AIT HAMMOUDA avec des mots à peine couverts  fait comprendre aux représentants du MDN que beaucoup de Kabyles déterminés n’hésiteront  pas à retourner leurs armes contre le pouvoir central dans le cas limite et que les intégristes ne manqueront pas de profiter de cette situation et de l'exploiter en leur faveur.
Le colonel MERZAK qui connaît assez bien ce dernier lui  réplique que la région est truffée de maquis du "GIA" dont la plupart des chefs sont originaires de la région même de Tizi Ouzou.
Puis dans un long monologue sur la situation du pays, une phrase prononcée par le colonel Merzak  fait l’effet d’une bombe « le haut commandement de l’armée prendra ses responsabilités au cas où des troubles éclateraient à grande échelle ».
L’armée ne restera jamais les bras croisés. De toute façon la société civile ne soutient pas assez l’armée dans la lutte contre les intégristes d’après le colonel Merzak.
KHALIDA MESSAOUDI réfute les arguments du colonel, mais  profite de son intervention pour demander au général TOUATI  des explications sur le mutisme de l’armée et ses cadres modernistes sur la fraude qui a entaché les élections  de 1997 au profit du RND le parti de BETCHINE. Elle se demande même  "pourquoi est ce qu’ils ne prennent pas les choses en main ? " et pourquoi les démocrates républicains ne retrouvent pas des places de choix dans les institutions du pays. Elle prend pour exemple le cas de la Turquie et le succès remporté par son armée dans la gestion du phénomène intégriste malgré les risques de voir  ses chances de rejoindre l’Europe réduites.
Le général TOUATI reprend la parole pour dire: « Au cas où la situation devient incontrôlable, l’armée prendra le pouvoir et décrétera l’état d’exception pour une courte période mais suffisante pour mener à bien son projet d’éradication des groupes armés et leurs relais politiques. C’est la seule façon d’arriver à nos objectifs,  mais il faut absolument éliminer par la même occasion, les secteurs du conservatisme au sein des appareils de l’état, le pouvoir sera rendu ensuite aux civils ». Et à TOUATI de conclure: « Nous sommes prêts de toute façon, on attendaient juste que les conditions soient réunies, nous avons la conviction qu'un état républicain verra le jour incessamment dans notre pays.
Le colonel MERZAK répète que le commandement de l’armée n’est pas pour la loi d'arabisation, mais ce n’est pas a l’institution militaire de s’y opposer  de façon visible ; la contestation doit venir des politiques et de la rue plus précisément. Il rappelle même la formidable mobilisation des kabyles en 1994 pendant la grève et lors de l’enlèvement de MATOUB.
« La mobilisation des kabyles, c'est mon affaire »  dit AIT HAMMOUDA en guise de promesse .
Le colonel MERZAK  donne rendez-vous à ce dernier le lendemain dans les bureaux des services, au siège du MDN, et la réunion a ainsi pris fin après un échanges de salutations.
Voilà ce qu’on appelle dans le jargon des services secrets « la mise en condition » ou la préparation psychologique du sujet. En fait la guerre entre la présidence et les généraux de l’état major de l’armée battait son plein et ces mêmes généraux voulaient profiter de l'erreur que ZEROUAL allait commettre en appliquant la loi de généralisation de l'arabisation. En réalité les généraux de l’armée projetaient un coup d’état et pour arriver à leurs fins tous les moyes allaient être utilisés.
Cette réunion qui a été organisée par les services secrets (la DRS) avec la bénédiction des autres généraux a été bien sûr enregistrée et réécoutée par la suite par Mohamed LAMARI, TOUFIK, Smain LAMARI, TOUATI et le colonel MERZAK, et pendant cette réunion des "chefs" de graves décisions ont été prises.
L'enregistrement audio de la rencontre a été classé " TRES SECRET "par un procès verbal avec la transcription intégrale et archivé sous la référence: PVRQ/12/5/8/MDN/DRS. Nous l'avons reproduit fidèlement en guise d’introduction à "l'affaire MATOUB", pour comprendre que l’assassinat de MATOUB ne doit rien au hasard  mais qu’il a été savamment orchestré par le cabinet noir.

 Le choix de la cible

Après la rencontre avec les généraux, les chefs du RCD étaient sûrs que l’heure du changement et de la rupture avait sonné, et ont ainsi imaginé et étudié pour la circonstance plusieurs plans d’actions affin de contribuer à leur façon et de manière active à cette micro-révolution.
Parmi les plans évoqués, la désobéissance civile et la grève illimitée. Les deux options ont été rejetées après une discutions houleuse à cause du haut risque de l’échec, surtout que le FIS avait laissé des plumes en utilisant ces mêmes options auparavant, alors qu’il était bien implanté au niveau national. Plus important encore, le FFS n'aurait jamais marché dans une telle aventure nécessitant une mobilisation semblable à celle du printemps bèrbère.
AIT HAMMOUDA a proposé à SAID SAADI d’occuper le champ médiatique en ALGERIE d'abord, en faisant remarquer que les milieux proches du RCD dans la capitale française prendraient le relais ensuite; « la mobilisation on verra  plus tard » disait-il.
"Avait-il une idée derrière la tête? il parlait en tous les cas avec une assurance qui a dérouté tous le monde" affirme une personne présente dans la réunion.
AIT HAMMOUDA était certain que la  région kabyle serait le tombeau du projet OUYAHIA et du pouvoir de Zeroual. Cette assurance AIT HAMMOUDA la détenait de sa rencontre avec le colonel MERZAK, au siége du ministère de la défense et c'est durant cette réunion que le sort de certains éléments gênants pour le tandem de l’état major s'est décidé.
AIT HAMMOUDA savait que MATOUB voulait visiter Tizi Ouzou depuis un bout de temps, et n'a pas hésité à l'appeler pour demander soi disant de ses nouvelles, durant la conversation Matoub a demandé des nouvelles de la région, et c'est à ce moment que Ait Hammouda a commencé à se vanter du bon travail qu'il a entrepris avec ses amis et du bon résultat qu'ils ont obtenu; la région était devenu selon lui plus sûre qu'Alger. Presque instinctivement Matoub a exprimé son désir de rentrer mais il était hésitant à cause de ses appréhensions envers le pouvoir suite a la sortie de son nouvel album où il parodiait l’hymne national. Ait Hammouda ne s'est pas ménagé pour convaincre Matoub qu'il n'avait absolument rien à craindre, même de la part des autorités. Ait Hamouda a même promis à Matoub une protection rapprochée digne d'un chef d’état, depuis sa descente d'avion jusqu’au jour de son départ. Face à ces promesses Matoub avait déclaré que suite à cela sa visite à Tizi Ouzou ne saurait tarder.
C'est le chef d'antenne de la DRS à Paris, le colonel Smain Seghir de son vrai nom Ali Benguedda (très intime à Smain Lamari qui l’a nommé à ce poste après le décès du lieutenant-colonel Souames Mahmoud alias colonel Habib), qui a annoncé à Toufik et Smain Lamari l'imminence du voyage de Matoub à Alger avant même que Matoub ne prenne son billet d’avion.
MATOUB savait que de nouvelles menaces ont été proférées contre lui par le groupe armé auteur de son enlèvement du 25 septembre 1994, surtout après la sortie de son livre; il faut dire que ce kidnapping n'avait rien d’un coup monté par les officines de Smain, mais bel et bien une opération organisée par un groupe islamiste de la région même de Tizi Ouzou, sa libération par contre s'est faite grâce à l'intervention d'une taupe (un des agents de la DRS travaillant sous couvert avec les islamistes dans le maquis) et qui a empêché son exécution depuis le sommet du commandement du GIA sous prétexte que l’assassinat de Matoub ferait baisser la popularité du GIA dans la région.
Matoub était amère en se sachant sous la menace de gens qu'il avait déjà rencontré une fois ; d'un autre côté la sortie imminente de son album qui avait bénéficié d'une large publicité n'arrangeait pas les choses, surtout qu'il tournait au ridicule certains dirigeants du RCD favorables à Zeroual.
Presque au même moment à Alger, Une intervention troublante de la part d’AIT HAMMOUDA  auprès de certaines connaissances a fait capoté l’obtention d’un visa pour madame MATOUB qui lui aurait permis de rejoindre son mari en France, et la question reste posé à Ait Hammouda sur les vrais motifs de cette intervention soutenue de très prés par le général Mohamed Touati.
A Paris MATOUB a été mis sous surveillance, par une équipe jour et nuit, et malgré les difficultés et les risques d’une telle opération à l’étranger, le général Toufik n’a pas hésité à employer tous les moyens disponibles pour le suivi de cette affaire. Toufik était informé  grâce aux rapports (Bulletin de Renseignement Quotidien ou BRQ) envoyés quotidiennement par le colonel Ali.
Le dossier Matoub devenait lourd et coûteux à cause des moyens engagés et c’est le listing de Air Algérie qui a donné la confirmation finale de la date du retour de MATOUB à Alger.
Le choix de MATOUB était devenu cyniquement naturel. Les stratèges du MDN et des services connaissaient l’importance du crédit de sympathie que MATOUB avait auprès des jeunes en Kabylie et même à l’étranger, ils savaient que l’onde de choc qui suivrait sa mort pourrait ébranler très fortement le clan de la présidence, il suffisait juste à ce moment là de souffler sur la braise pour que tout l’édifice constitutionnel s’écroule .
Le parcours de MATOUB suscite beaucoup d’admiration mais aussi des interrogations parmi ses propres amis qui doutaient de son calvaire (comme il a été décrit dans son livre en 1994). Mais contrairement aux scénaristes, les services algériens, partant d’une fiction, ont écrit une histoire vraie dans laquelle Toufik et Touati avaient distribué des rôles bien précis à tout un chacun ; le but était d’abattre Zeroual et Betchine d’un côté et de donner le coup de grâce aux islamistes de l’autre.
La décision de liquider MATOUB a été prise au plus haut niveau de la hiérarchie militaire dans le bureau même du chef des services de la DRS le général TOUFIK (situé au rez-de-chaussée du bâtiment C, au MDN). Le département d’infiltration  et de manipulation de la DRS a rappelé  pour la circonstance un officier infiltré dans un groupe armé dans les monts de Sidi  Ali BOUNAB qui répondait au pseudonyme de capitaine RIADH alias « ABOU DOUDJANA ».
Pour les islamistes du groupe il se faisait passer pour un déserteur de la gendarmerie, il est devenu grâce à ses connaissances militaires et à son aide,  le conseiller « manipulateur » de H.HATTAB dans le domaine militaire et le choix des actions et des cibles!
Une fois le capitaine Riadh mis au courant de sa nouvelle mission, il est reparti avec le plan et l’ordre de l’exécution du chanteur, mais un imprévu s’est produit lors de la dernière ligne droite: Hassan Hattab ne voulait rien savoir et a refusé d’écouter son conseiller militaire sur la nécessité d’une telle liquidation. Devant l’entêtement de Hattab, ABOU DOUDJANA  informe son commandement (selon un procédé de communication pré-établi) que le chef du groupe ne voulait pas céder après de nombreuses discussions.
C’est à ce moment là que la deuxième équipe (plan de secours) a pris le relais deux jours avant le crime. La gendarmerie locale avait reçu de la part du commandement régional de tutelle l’ordre de stériliser la route qui mène au village de Taourirt moussa, et un groupe de trois individus membre de l’auto-défense de la région a été surpris entrain de faire du repérage, interrogés par les gendarmes les trois individus ont prétendu que leur chef Ait HAMOUDA leur avait donné l’ordre de faire le trajet pour le sécuriser. Cette rencontre a été cité par les gendarmes dans le rapport quotidien de fin de mission.
Quelques semaines après la mort de MATOUB les gendarmes en question ont reçus un avis de mutation, et les trois miliciens sont morts dans une embuscade tendue par le groupe de ABOU DOUDJANA!
 
L’assassinat de MATOUB  a mis la région en émoi, les premières violences éclatèrent dans la ville de TIZI OUZOU et quelque part à ALGER  les instigateurs du crime attendaient que leurs agents attisent les flammes, pour passer à l’action.
ZEROUAL qui a compris grâce à son conseiller BETCHINE  la manœuvre de ses adversaires (suite à une fuite organisée par TOUFIK) a demandé au dernier moment un sursis à TOUFIK et TOUATI qu’il a obtenu sous conditions.
La famille de MATOUB par son sens de la responsabilité a appelé au calme et a demandé aux autorités à ce que justice soit faite, cette initiative a calmé la population malgré la mort tragique d’un jeune manifestant touché par balle par un provocateur proche de AIT HAMMOUDA !
ALI MECILI (une autre victime des services algériens) disait que « derrière l’assassinat d’un kabyle, il y a toujours un kabyle ».
Le sort de MATOUB a été scellé dans une villa près d’Alger à la suite d’une rencontre entre des officiers manipulateurs, et certains responsables politiques qui n’ont ni le sens de la fidélité ni celui de l’honneur dont le fils d’un illustre révolutionnaire algérien mais qui ne lui a pas légué le gène de l’honneur, et qui a vendu son âme à un officier traitant contre une situation et un pouvoir éphémère, l’orgueil et la jalousie sont à l’origine de sa compromission.
 
       *Pourquoi  des égorgeurs d’enfants ont-ils laissé la vie sauve à madame MATOUB ?
       *Quelle est la nature exacte de la relation entre AIT HAMMOUDA  et la femme de MATOUB ?
       *MATOUB avait-il des informations sur la relation trouble de sa femme avec AIT HAMMOUDA ?
       *Qui a informé MATOUB des liens de sa femme avec les services (Plusieurs membres de sa famille gravitent autour de la DRS).
       *Pourquoi certains journaux proches du RCD ont-ils relié l’intox des services selon laquelle les assassins de MATOUB ont été abattus ? alors que la pseudo- enquête en était à ses débuts ?
       *Qui a déplacé la voiture de MATOUB, et pour quels motifs ?
       *Qui a intérêt à détruire la première version du rapport balistique, faite par la gendarmerie et qui a mis à jour les contradictions dans les déclarations de Madame MATOUB ?
       *Qui a ordonné la mutation des gendarmes chargés de l’enquête ?
       *Pourquoi a-t-on assassiné les trois miliciens ? (information donnée par plusieurs quotidiens algériens quelques semaines après la mort de MATOUB).
       *On laisse le soin à AIT HAMMOUDA  de répondre à toutes ces questions.

Un proverbe kabyle dit: «la vérité flotte comme un bouchon de liège»!