http://makkabylie.blogspot.fr/

vendredi 30 novembre 2012

Répression sanglante à Siliana en Tunisie | Kabyle.com

Répression sanglante à Siliana en Tunisie


ven, 2012-11-30 20:28 -- Stéphane Arrami


Ces nouvelles confrontations interviennent à l'approche du deuxième anniversaire, le 17 décembre, du début de la révolution tunisienne, déclenchée par l'immolation d'un vendeur ambulant de Sidi Bouzid excédé par la misère et le harcèlement des policiers.
AFP - SILIANA — Des heurts entre policiers tunisiens et manifestants ont éclaté vendredi pour le quatrième jour consécutif à Siliana, dont les habitants réclament le départ du gouverneur et des aides du gouvernement qui peine à stabiliser le pays deux ans après sa révolution.
Les affrontements ont éclaté lorsque plusieurs centaines de protestataires, des jeunes dans leur grande majorité, ont attaqué avec des pierres un important poste de police.
Les forces de l'ordre ont répliqué peu après avec des gaz lacrymogènes et en pourchassant les assaillants dans les rues, répétant le scénario de la veille.
Les représentants de la principale centrale syndicale du pays, l'UGTT, ont appelé sans succès les manifestants à se disperser. "Rentrez chez vous, c'est dangereux. Ils vont tirer à balles réelles", a lancé Abdesattar Manaï, un responsable régional du syndicat.
Une vaste manifestation avait pourtant rassemblé dans le calme en matinée des milliers de personnes pour une marche "symbolique" de cinq kilomètres en direction de Tunis.
Ils réclamaient une fois de plus le départ du gouverneur, la fin de la violence policière, et la mise en place d'un programme d'aides à cette région économiquement sinistrée, située au sud-ouest de Tunis, où des violences ont fait plus de 300 blessés cette semaine.
La lutte contre la pauvreté, le chômage et la fin de l'arbitraire policier étaient déjà les revendications phares de la révolution de 2010 et 2011, et elles reviennent en force depuis plusieurs mois dans l'intérieur du pays, régions marginalisées économiquement depuis des décennies.
La présidence tunisienne a annoncé que le chef de l'Etat Moncef Marzouki prononcerait vers 19H00 GMT une allocution télévisée sur la situation à Siliana.
"Je vais devoir fermer mon usine"
Si les violences sont beaucoup moins graves que celles de mercredi, la police ayant en particulier cessé d'user de cartouches de chevrotine, elles paralysent l'économie régionale.
"Si la situation continue comme ça, je vais devoir fermer mon usine. Ca fait trois jours que les ouvriers ne sont pas venus", a indiqué à l'AFP Antonio Botorel, un Italien qui dirige une usine textile dans la région.
Depuis plusieurs mois, des manifestations sociales dégénèrent en affrontements et les attaques menées par des groupuscules salafistes se sont multipliées. Parallèlement, le pays est plongé dans une impasse politique, sans aucun compromis en vue sur la future Constitution.
Le Premier ministre Hamadi Jebali, issu du parti islamiste Ennahda, a lancé vendredi soir un appel au calme en soulignant que le développement économique ne pouvait avoir lieu "dans le chaos".
Enfin, des manifestations de soutien à Siliana ont eu lieu vendredi notamment à Tunis et au Kef.
Si l'UGTT et le gouvernement se disent tous les deux ouverts au dialogue, les deux camps campent sur leur position: les uns réclamant le limogeage du gouverneur de Siliana, les autres refusant de céder à des manifestants violents.
Le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, a défendu vendredi les actions de ses hommes devant l'Assemblée nationale constituante (ANC), alors que des députés d'oppositions appelaient à sa démission.
"Nous allons continuer notre action en respectant la loi et protéger les citoyens et les mouvements (de contestation) pacifiques", a-t-il déclaré.
-----

Reprise des violences à Siliana, les manifestants se dirigent vers la Kasbah de Tunis

TAP - TUNIS - Les affrontements ont repris, dans l’après-midi du jeudi 29 novembre 2012, entre des centaines de manifestants et les forces de sécurité déployées aux alentours du district de la sécurité nationale dans la ville de Siliana, avec l'arrivée de nouveaux renforts. Bombes lacrymogènes contre jets de pierres ont marqué ces affrontements, alors que l'armée tentait de séparer les deux parties et de calmer la situation.

Auparavant, des militants syndicaux et politiques ainsi que des représentants de la société civile avaient décidé, au cours d'un grand meeting, jeudi matin, devant le siège de l'Union régionale du travail (URT) de Siliana, d'organiser une marche symbolique, demain, vendredi 30 novembre, en direction de Tunis, sur une distance de deux kilomètres. A travers cette initiative, les organisateurs visent à transmettre un message qui sous-entend qu'on « laisse la ville de Siliana au gouverneur », en cas de non-satisfaction de leurs revendications.

Les demandes des protestataires sont, notamment ,   l'ouverture d'une enquête autour de ce qu'ils ont qualifiés de « dépassements sécuritaires » dans les événements de la région de Siliana, durant les deux derniers jours, la libération des personnes arrêtées ,   depuis le 26 avril 2011, le départ du gouverneur, ainsi que le droit au développement .   Un accord a été établi, au cours du meeting, pour poursuivre la grève générale ouverte, jusqu'à la satisfaction de toutes ces revendications. 

Le secrétaire général-adjoint de l'URT de Siliana,   Ahmed Chafaï, a déclaré à l'envoyé de l'agence TAP, que la région connaît « une grande tension en raison de l'absence de développement et le chômage croissant ». Il a remarqué que Siliana souffrait de « la dégradation de l'infrastructure de base, de l'absence des investissements, surtout dans le secteur privé, ce qui a fait du secteur public le seul recours pour les chômeurs, surtout les diplômés du supérieur ». 

Le responsable syndical a ajouté que la tension vécue par la région « est le résultat de la négligence des revendications des habitants par les autorités régionales et qu'elle n'est pas simplement due à un simple différend entre deux fonctionnaires au siège du gouvernorat, comme ont tente de le faire croire ». 

Il a rappelé que « les forces de sécurité continuent de tirer des balles à grenailles pour disperser les protestataires dans les délégations de Kesra et de Sidi Bourouis ».   Des sources sécuritaires ont expliqué que l'usage des balles à grenailles est destiné à empêcher les manifestants de mettre le feu aux postes de police et d'incendier les véhicules de forces de la sécurité.

De son côté, le directeur de l'hôpital régional de Siliana a indiqué à l'envoyé de la TAP que, 210 blessés avaient été accueillis à l'hôpital dont deux ont été gardés et 20 autres conduits vers des établissements hospitaliers de Tunis en raison des blessures graves aux yeux, à la suite des tirs de grenailles. Il a souligné que ces blessures risquent de leur faire perdre totalement la vue.