Mouloud Mammeri est né le 28 décembre 1917 à Taourirt - Mimoun ( Kabylie ). Il fréquenta l'école primaire de son village ( At -Yenni ). "Je me souviens que j'allais à l'école pieds nus dans la neige", raconte-t-il. A onze ans, il part chez son oncle à Rabat et il entre au lycée Gouraud. De retour à Alger, quatre ans plus tard, il est inscrit au lycée Bugeaud. Ensuite, c'est le lycée Louis Le Grand, à Paris. Il pense alors à l'Ecole Normale Supérieure. Mobilisé en 1939, il est à l'école militaire de Cherchell d'où il sort avec le grade d'aspirant de réserve. Remobilisé en 1942, il participe aux compagnes d'Italie, de France et d'Allemagne. Au retour, il passe le concours de professorat de lettres à Paris et se retrouve enseigner les humanités et la littérature française aux lycées de Médéa puis de Ben Aknoun. A partir de 1947-48, malgré les critiques, il anime plusieurs conférences devant des auditoires constitués d'étudiants algériens et nord-africains. Puis éclate la guerre de Libération, Da Lmulud ( Mouloud Mammeri ) met sa plume au service de la révolution algérienne, dans le journal "L'Espoir d'Algérie" qui était le journal des libéraux algériens, et signât ses éditoriaux du pseudonyme de Brahim Bouakkaz.
Il fera entendre la voix des Algériens opprimés à travers ses lettres adressées à l'ONU ( entre 1956-1957 ) sous le pseudonyme de Kaddour, dans lesquelles il dénonce les exactions coloniales. Durant la bataille d'Alger en 1957, Da Lmulud compose une pièce de théâtre "Le fœhn" mais il est contraint de détruire son manuscrit. Menacé de mort, trois membres de sa famille ayant déjà été arrêtés, il quitte l'Algérie pour se réfugier au Maroc.
Da Lmulud rentra du Maroc en 1962, professeur d'ethnographie à l'université d'Alger où il enseigne en parallèle le berbère ( bien qu'aucun texte officiel n'autorisât ces cours et qu'aucun texte ne l'interdît, "on" y mit cependant fin en 1973 ) et directeur du CRAPE ( Centre de Recherches Anthropologiques, Préhistoriques et Ethnographiques ) à Alger de 1969 à 1979, Da Lmulud a été également à la tête de l' UEA ( Union des Ecrivains Algériens, fondée en 1963 ) jusqu'en 1966 - 67.
Cible d'une compagne de diffamation à laquelle il ne lui est pas permis de répliquer par voie de presse (voir notre article : Les donneurs de leçons, in El-Moudjahid du 20 mars 1980 ). Da Lmulud fait parvenir une réponse que le journal ne publiera jamais. Cette mise au point, publiée plus tard par Le Matin de Paris -- 1980 et Amazigh Revue ( Rabat - Maroc ) 1980, donne des précisions relatives à l'interdiction par les autorités locales de Tizi-Ouzou de la conférence qu'il devait donner à l'université de cette dernière à l'initiative des étudiants sur "La poésie kabyle ancienne"; cette interdiction deviendra le déclic du printemps Berbère.
En 1985, il a lancé à Paris avec le soutien de Pierre Bourdieu le CERAM ( Centre d'Etude et de Recherche Amazighes ) et dirigé les Cahiers d'études berbères Awal et le 6 mai 1988, Da Lmulud prononce un discours sous le titre : "Un testament, peut-être..." lors de sa réception à l'université de Paris-X -- Nanterre comme docteur honoris causa. Il dit : " Les études pour lesquelles j'étais venu portaient un nom qui a fini par avoir parfum de vielle dentelle : Les ' Humanités ' ".
Mouloud Mammeri s'éteint dans la nuit du 25 au 26 février 1989. Da Lmulud a été fidèle aux voix ancestrales, à l' "éternel Jugurtha " et aux causes justes. Il a été, sa vie durant, un ardent défenseur et illustrateur de la conscience amazighe, de la conscience nationale, humaine même