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vendredi 29 mars 2013

Bouteflika, Khelil, le DRS et la justice | Éditorial


Bouteflika, Khelil, le DRS et la justice

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Par Le Matin | Il y a 1 heure | 138 lecture(s) | Réactions (0)
Pose de scellés au domicile de Chakib Khelil, doublée d’une enquête judiciaire, perquisition chez Abdelmadjid Attar.
Chakib Khelil est-il justiciable en Algérie ?Chakib Khelil est-il justiciable en Algérie ?
Ce n’est plus un scandale c’est un séisme politico-judiciaire. En jeu des centaines de millions de dollars qui seraient détournés sous formes de commissions, pots-de-vin ou autres. Les fins limiers du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) ont finalement mis la main dans le cambouis. Les Algériens remontés par tant d’actes de prévarication attendaient la justice, on trouve les hommes du DRS à la manœuvre. C’est pas mal. L’essentiel, dirons-nous, est que ces scandales à répétition révélés déjà pour certains, journaux depuis plusieurs années, soient élucidés au plus vite et leurs auteurs aillent le sort qu’ils méritent.
L’impunité dont ont bénéficié Chakib Khelil et un certain nombre de personnes appartenant au cercle proche du président renseigne sur le degré d’asservissement de la justice en Algérie. Une justice – muselée et aux ordres du président - qui a attendu les révélations du parquet de Milan pour rendre public un communiqué prudent signifiant l’ouverture d’une information judiciaire en pénal. Alors quand le président, promet de sévir, personne ne le croit. A la fin, ne se moque-t-il pas des Algériens en feignant de découvrir, comme le DRS d’ailleurs, maintenant ces scandales ? Les agissements de Khelil, d’Amar Ghoul et d’un certain nombre de ministres ou obscures conseillers ne pouvaient être ignorés.
L’impact de ces scandales au sein de la société est énorme. Il signe le divorce entre des dirigeants éloignés des réalités algériennes et une population en attente de cet hypothétique Etat de droit dont on lui rabat les oreilles depuis des décennies et impatiente de justice sociale et de transparence.
La justice italienne a déjà identifié en la personne de Chakib Khelil le cœur d’une vaste toile de passation de marchés avec en contrepartie de gros pots-de-vin. Outre un Chakib Khelil déjà cible de plusieurs enquêtes, une série d’anciens ou d’actuels hauts responsables sont visés par les investigations des officiers du DRS. C’est à ce titre que la demeure  d’Abdelmadjid Attar, ancien PDG de la Sonatrach, a subi une descente des hommes du général Toufik  dans le cadre de ce que la justice algérienne appelle désormais l’affaire Sonatrach 2.
Khelil serait-il justiciable en Algérie ?
C’est un truisme que de dire qu’on démocratie, la justice et la presse sont libres. Mais en Algérie, ce n’est pas le cas, la justice est malheureusement instrumentalisée par le pouvoir en place. A son corps défendant (car il y a des magistrats honnêtes), elle est muselée, réduite en un simple bras répressif au service du président. De fil en aiguille, une question s’impose : Chakib Khelil, comme au demeurant toutes les hauts dirigeants dont les noms sont régulièrement évoqués dans la presse, sont-ils justiciables en Algérie ? Peu sûr. Le puissant ancien ministre de l’Energie, soupçonné dans plusieurs affaires de corruption, est entré en Algérie puis reparti sans qu’il soit inquiété. En revanche, il y a quelques jours, des syndicalistes et militants blancs comme neige voulaient prendre part au Forum mondial social qui a lieu à Tunis, ils ont été empêchés de quitter le territoire par la police des frontières. Le seul argument avancé par les policiers : "La décision est venue d’en haut".
Fait du prince. Ni le ministre de l’Intérieur ni le DGSN, encore moins la justice ne sont enclins d’expliquer aux Algériens pourquoi de tels agissements. Aucun député n’a posé de question à l’APN sur cette grave atteinte à la liberté de circulation.
Mais personne n’est dupe. A la lumière des dysfonctionnements graves qui paralysent et empêchent les institutions de Etat de fonctionner normalement, on serait alors tenté d’attendre – voire d’espérer – que la justice d’un pays tiers (l’Italie, le Canada, ou autre) aille, elle, jusqu’au bout des enquêtes pour enfin fixer les responsabilités.
Sans vouloir insulter l'avenir, toute cette tempête autour de ces scandales risque de retomber et d’aboutir, simplement, à l’emprisonnement de quelques seconds couteaux comme ce fut le cas par le passé pour l’affaire Khalifa.
Hamid Arab 

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