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lundi 3 décembre 2012

Tizi-Ouzou - Le RCD perd l'APW et plusieurs APC | Kabyle.com


Tizi-Ouzou - Le RCD perd l'APW et plusieurs APC

En perdant l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou, le Rassemblement pour la culture et la démocratie sort avec un zéro score à l’échelle nationale, puisqu’il n’aura à gérer aucune APW. Dans une région où il a pris trop de plaisir à se présenter comme étant la première force politique, le RCD a fini par découvrir, à ses dépens, qu’il n’en est rien.
Certes, jusqu’à avant-hier, l’espoir était encore permis pour les élus et les cadres locaux de ce parti que la présidence de l’APW de Tizi Ouzou revienne à ce dernier, compte tenu de son classement en deuxième position, après le Front des forces socialistes avec 16 sièges obtenus. Mais c’est compter sans les tractations ayant vite abouti entre le FFS et le FLN. Un FLN qui, il y a cinq ans justement, s’était rallié avec le RCD. Ce qui était valable en 2007 ne semble plus être de mise, aujourd’hui. Des raisons qui tiennent la route justifieraient sans doute ce changement d’attitude de la part du FLN qui a obtenu seulement sept sièges à l’APW mais malgré cette maigre récolte, c’est ce parti qui a décidé lequel du RCD ou du FFS présidera cette Assemblée de wilaya.
Avec ce soutien de la part du FLN, le groupe du FFS sera élargi à 24 élus, ce qui donne au plus vieux parti d’opposition la latitude d’avoir la majorité absolue et de décider de tout dans cette nouvelle APW, qui aura sans doute du pain sur la planche. Il faut reconnaître que le FLN a été vraiment stratège cette fois-ci dans la mesure où il a agi vite.
Autrement, il aurait pu aisément être devancé par son frère ennemi, le RND. Ce dernier ayant obtenu le même nombre de sièges à l’APW que le FLN aurait pu prendre les devants en s’alliant avec le FFS, mais la promptitude du FLN a provoqué un véritable court-circuit. Cette lecture est d’autant plus plausible en sachant qu’en ce qui concerne les alliances post-électorales, les convictions politiques et les affinités d’idées ne jouent pratiquement aucun rôle et ne rentrent pas en ligne de compte. Elles sont tout bonnement laissées de côté. Ce qui compte le plus pour les partis qui soutiennent les listes majoritaires, c’est de pouvoir arracher en contrepartie de leur épaulement, une ou plusieurs vice-présidences, ainsi que des présidences de commissions. Tout le reste n’est que littérature. Et ceci est valable aussi bien à l’APW que dans les APC.
Le futur président de l’APW de Tizi Ouzou n’est autre que l’avocat Moussa Tamardaza, qui a piloté la liste APW du FFS à ces locales et qui a aussi figuré sur la liste des candidats du même parti aux élections législatives du 10 mai 2012. Il s’agit d’un candidat qui a été contesté par une bonne partie des militants du FFS des quatre coins de la wilaya. Une contestation, ajoutée à tant d’autres au sein du même parti, qui ont abouti à un score des plus faibles et des plus inattendus, à l’issue de ces élections locales du 29 novembre dernier.
Le FFS est sorti vaincu dans la grande majorité des APC. Le parti peut s’estimer heureux car il a tout de même réussi à compenser cette déconfiture aux élections communales par la conquête certes difficile mais réelle de l’APW de Tizi Ouzou. Le parti de Hocine Aït Ahmed sauve ainsi l’honneur car, sans avoir arraché cette APW, le FFS aurait sans conteste subi un véritable affront dans une wilaya, où il a mis tous ses espoirs et où il a injecté toute son énergie et qui était souvent considérée comme étant son fief. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui autant pour le FFS que pour le RCD. Ce dernier n’a réussi à obtenir des majorités absolues que dans sept communes sur les soixante- sept que compte la wilaya de Tizi Ouzou. En plus, il s’agit de communes à très faible densité démographique.
Dans les quelques autres communes, le RCD n’a eu que des majorités relatives, où d’ailleurs il commence à essuyer des affronts en les perdant les unes après les autres à cause des alliances qui se contractent entre les autres partis. C’est le cas, entre autres, de la commune balnéaire d’Iflissen (daïra de Tigzirt) où le RCD est arrivé premier avec une majorité relative. Mais, avant-hier, une alliance scellée entre les élus du FFS et les indépendants a coupé l’herbe sous les pieds du RCD qui ne pourra pas ainsi prendre les rênes de cette commune. Dans d’autres municipalités, le même scénario en défaveur du RCD est en train de se profiler à l’horizon. C’est dire qu’en l’absence de majorités absolues, rien n’est encore définitivement acquis d’autant plus que dans la majorité des cas les listes du RCD n’ont pas obtenu les 35 % qui leur auraient permis de s’adjuger la présidence de l’APC, abstraction faite de l’attitude des autres élus.
Donc, le RCD est allé vite en besogne en affirmant que suite à ces élections locales, il était désormais la première force politique dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il s’agit en fait d’un jeu de mots suranné que la réalité du terrain et les chiffres têtus ont vite fait de démentir. Désormais, aucune formation politique ne peut prétendre détenir le monopole dans la wilaya de Tizi Ouzou surtout avec l’arrivée en force des listes indépendantes qui ont réussi pour la première fois à réaliser des résultats surprenants mais aussi de quelques autres partis qui se frayent doucement mais sûrement un chemin. En tout cas, et contrairement aux années précédentes, rien ne peut se tisser aussi bien dans les APC et à l’APW sans l’intervention des alliances. Chaque élu, même s’il appartient à la liste la moins représentative, a son mot à dire et son attitude pèsera désormais. Il s’agit, en somme, d’une autre manière d’exercer la démocratie, participative, cette fois-ci.
Aomar Mohellebi

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