42ème anniversaire de l’assassinat de Krim Belkacem
La famille militante et patriotique du MAK rend l’hommage mérité au martyr
De Tizi-Ouzou, par Saïd Tissegouine
La toute puissante France n’a pu tuer le Lion des Djebels pendant pas moins de 14 années de confrontation alors que ceux-là même à qui il enleva le joug colonial et de la honte ont réussi à lui ôter la vie. La lâcheté a terrassé des plus puissants et des plus vaillants de ce bas monde. Les exemples n’en manquent pas. Cependant, les héros vivent toujours dans les cœurs des hommes et des femmes.
19/10/2012 - 00:22 mis a jour le 19/10/2012 - 01:04 par
18 octobre 1970-18 octobre 2012. 42 ans depuis que l’un des symboles de la révolution algérienne, feu Krim Belkacem en l’occurrence, n’est plus de ce monde. L’homme qui a rejoint le maquis de Kabylie dès l’année 1947 pour combattre la France coloniale et au même temps l’homme qui a négocié l’indépendance de l’Algérie à Evian après sept années de guerre sanglante mais cette fois-ci sous la bannière du FLN a été froidement assassiné le 18 octobre 1970 à l’hôtel Le Continental de Frankfurt (Allemagne) par les agents de main du régime dictatorial d’Alger.
La toute puissante France n’a pu tuer le Lion des Djebels pendant pas moins de 14 années de confrontation alors que ceux-là même à qui il enleva le joug colonial et de la honte ont réussi à lui ôter la vie. La lâcheté a terrassé des plus puissants et des plus vaillants de ce bas monde. Les exemples n’en manquent pas. Cependant, les héros vivent toujours dans les cœurs des hommes et des femmes. En tout cas, pour le peuple kabyle dont les aspirations sont portées et exprimées par le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie (MAK), feu Krim Belkacem reste la référence et le symbole du combat pour la liberté et l’honneur. Et pour lui rendre l’hommage tant mérité, une forte délégation du MAK, conduite par M. Bouaziz Aït-Chebib, s’est rendu hier, jeudi, à Allalène, dans la commune d’Aït-Yahia-Moussa pour se recueillir à sa mémoire. Arrivée à la demeure du martyr, aujourd’hui devenue musée, les militants et patriotes du MAK ont d’abord commencé par déposer une gerbe de fleurs devant son portrait, un portrait dont l’exécution artistique est d’une haute volée. Une fois la gerbe de fleurs déposée devant l’image presque vivante du héros national, une minute de silence fut observée ensuite à sa mémoire. La troisième phase de l’acte cérémonial fut traduit par la prise de parole sur sa vie et son combat. C’est M. Mohamed Saïdoun qui prit la parole le premier. Ce militant et cadre du MAK, avec une voix cassée par l’émotion, rappellera l’idéal pour lequel feu Krim Belkacem consacra toute sa vie. Sans être prolixe dans le discours, l’intervenant a quand même mis en avant la véritable dimension du martyr.
Pour sa part, M. Saïd Laïmchi que d’aucuns n’ignorent comme un fervent amoureux de Krim Belkacem et de son combat, apportera son témoignage sur le martyr que son cerveau d’adolescent a bien retenu. « Krim Belkacem a rejoint le maquis à partir de chez-nous, Ath-Zemzer », souligne l’orateur avant d’ajouter sur le même temps que « la demeure paternelle ne lui était aucunement étrangère ». M. Saïd Laïmchi parlera également d’un souvenir qui lui encore vivace : « En I962, soit juste après la trahison de Tripoli, Krim Belkacem est venu chez-nous à Ath-Zemzer pour animer un meeting. C’est d’ailleurs son premier meeting après le coup d’Etat exécuté par le clan d’Oudjda contre le GPRA. Le petit combat, nous dit-il est terminé, il nous reste à présent à mener le grand combat ». Feu Krim Belkacem qui a parlé du petit combat, selon l’intervenant, a fait allusion à la guerre menée par le FLN contre la France et le grand combat désignait celui qui devait être livré contre les ennemis de l’intérieur, c’est-à-dire les putchistes.
Parfait connaisseur des douloureux événements de l’Algérie de post-indépendance, Saïd Laïmchi parlera avec grands détails du rôle joué par feu Krim Belkacem jusqu’à son assassinat en Allemagne, et ce, dans le but de mettre fin aux égarements dont la révolution menée par le FLN en a été victime. En ce qui le concerne, le président du MAK commencera son allocution par désigner Houari Boumediène et Abdelaziz Bouteflika comme étant membres du groupe ayant commandité l’assassinat de Krim Belkacem. « Ceux qui ont assassiné Krim Belkacem doivent être jugés/ », a clamé M. Bouaziz Aït-Chebib et ajouter aussitôt : « De toute manière, même s’échappent à la justice des tribunaux, ils peuvent pas échapper à celle de l’histoire ». De là, l’intervenant mettra en avant le militantisme de Krim Belkacem pour une « Kabylie forte et unifiée ». Le président du MAK ira jusqu’à dire que c’est Krim Belkacem, « le fondateur des frontières politiques de la Kabylie, puisque c’est lui qui a insisté à faire de la Petite Kabylie et Grande Kabylie, division faite par la France coloniale, une et indivisible en l’identifiant comme la wilaya 3 ».
L’orateur parlera ensuite de la réponse cinglante donnée par Krim Belkacem à des interlocuteurs qui lui ont demandé à la veille du déclenchement de la guerre de libération nationale s’il était prêt à y prendre part. « C’est à moi de vous demander si vous, vous êtes prêts pour la guerre, car en ce qui me concerne, ça fait déjà sept ans depuis que mes hommes et moi sommes au maquis et combattons sans relâche la France coloniale », signale le président du MAK.
Sur ce même chapitre, le président du MAK apporte une autre anecdote : « C’est bien Amine Debaghine qui a déclaré à Mohamed Boudiaf et ses camarades que sans la Kabylie, il ne faut pas espérer l’indépendance de l’Algérie ». M. Bouaziz Aït-Chebib parlera encore de la position affichée par Krim Belkacem lors des élections organisées par la France coloniale en 1947 et où le PPA-MTLD s’apprêtaient à y participer. « La participation à ces élections n’apportera aucun changement au peuple kabyle et les algériens. La solution au problème réside ailleurs que dans ces élections », signalera M. Bouaziz Aït-Chebib pour dire ensuite que « 65 ans après, ce jugement est toujours valable en ce qui concerne la Kabylie ».
Le président du MAK décrira Krim Belkacem comme un grand visionnaire et un stratège d’une compétence inégalée. L’orateur qui n’a pu échapper à l’effet de l’adrénaline anathématisera ceux et celles qui, par calcul machiavéliques ou par pur racisme, auraient tenté, par le passé d’anathématiser, Krim Belkacem, l’homme sans qui ni la révolution ni l’indépendance du pays n’auraient jamais été possibles.
Addenda : Les restes de feu Krim Belkcacem ont été rapatriés de l’étranger vers le cimetière d’El-Alia (Alger) au cours de ce mois d’octobre 1984, soit 14 longues années après son lâche assassinat.
Said Tisseguoine
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