Bouteflika au service des Algériens ? Des relents de fascisme...
Par Le Matin DZ | Il y a 17 heures 14 minutes | 2937 lecture(s) | Réactions(1)
Toutes les mesures de "nettoyage", de "moralisation" emballent l'actuel gouvernement pour qui le temps n'est plus à la "réflexion". Les opérations lancées par Bouteflika pour "regagner la confiance du citoyen" cachent une volonté d'une mise au pas d'une société sans tête...
"Il n’y a plus de temps à la réflexion. Le président de la République a initié tout un programme et notre rôle aujourd’hui est de définir une stratégie pour passer immédiatement à l’action". Ainsi s'exprimait le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, samedi, lors d'une rencontre avec les walis du centre, du sud et des Hauts plateaux devant lesquels il a annoncé que les gardes communaux n'auraient pas le statut de police communale, une des revendications essentielles de la plateforme de ce corps dont il a, durant la période estivale, réprimé les marches. Pour Dahou Ould Kablia, le sort des garde communaux ne mérite pas "réflexion" ainsi qu'il le dit lui-même. Le plus urgent, la course contre la montre, c'est la poursuite de la mise en oeuvre du "programme présidentiel", estimant ainsi que le sort des gardes communaux n'en fait pas partie.
Avant même que ce programme d'Abdelaziz Bouteflika n'ait été concrétisé par "le plan d'action" attendu du gouvernement, le ministre de l'Intérieur et des collectivisé locales en fait une priorité exclusive, sans que l'on sache en quoi il consiste exactement. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal use des mêmes propos, à croire qu'aucune initiative ne lui a été accordée par le chef de l'Etat même pour des tâches de "nettoyage" au sens ménager du terme et de "réhabilitation des services publics": "J’ai été chargé par le président de la République de rénover le service public et nous devons essayer de sortir des chemins battus pour une réelle prise en charge des préoccupations des citoyens", a-t-il indiqué lors de la même réunion, enjoignant à son tour les walis de faire le maximum pour "gagner la confiance des citoyens" dans les plus brefs délais. Il faut, a-t-il dit "passer à la vitesse supérieure dans la réalisation des projets inscrits", citant notamment 600 postes électriques de transformation dans des délais assez courts pour résoudre les problèmes de coupures d’électricité. Le service public, c’est d’anticiper et prendre les devants."
Logements sociaux, éradication de marchés "informels", redynamisation des services publics, grande opération de "nettoyage du pays", distribution de l'électricité, de l'eau, toutes ces tâches qui occupent maintenant le sommet de l'Etat alors qu'elles relèvent, en principe, des éboueurs des sociétés net.com, Asrout, ou encore de Sonelgaz, des services communaux, dépendent des orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, annoncées lors de la réunion du dernier conseil des ministres. Elles sont ainsi restées suspendues aux décisions du chef de l'Etat et ne dépendent pas des services publics auxquels le pouvoir veut en réalité se substituer, par des actions ponctuelles, qui tiennent plus d'une politique de "volontariat" que d'une réelle politique socioéconomique. Car, dans toutes les mesures annoncées par le Premier ministre, le ministre de l'intérieur et les autres membres du gouvernement, cette campagne qui se veut urgente car décidée par les instructions d'Abdelaziz Bouteflika, ne reposent sur aucune assise politique. On parle des déchets solides et liquides, de logements publics locatifs, de marchés de proximité, d'électricité, d'eau, de pain et d'autres choses encore, mais sur quels principes politiques reposent ce garde-manger?
Serait-il un traquenard pour détourner les citoyens des questions de fond: la liberté d'expression, d'opinion, les Droits de l'homme, la démocratie, la concorde civile, la religion, la révision de la constitution, le projet de société. Alors que la dignité de l'Algérien est foulée au pied, voilà que ceux qui le briment, l'humilient, le poussent au suicide, à la harga, répriment ses revendications, veulent le nourrir, lui offrir des logements, nettoyer sa ville, éclairer ses rues, le protéger des "voyous", bref, lui promettre un "univers oesophasique" selon l'expression de l'écrivain Tahar Djaout. Quel paradoxe! Toutes ces mesures qui restent à l'état de "plans d’action", de "plans harmonieux" ne cachent-elles pas une tentation urgente de bâillonner davantage le champ politique qui serait ainsi marchandé au prorata de ces mesures "techniques".
Il y a vraisemblablement dans ce réveil brutal des autorités mobilisées autour de ce "programme de Bouteflika" auquel il est fait référence pour la moindre mesurette sociale, comme le nettoyage d'un quartier d'Alger, des relents de fascisme.
Toutes les revendications politiques sont ainsi mises au placard car, ainsi que l'a affirmé Dahou Ould Kablia, le temps n'est plus "à la réflexion" mais à des opérations techniques. Le statut des gardes communaux? L'arabo-islamisme dans l'école algérienne? La question des disparus durant la décennie noire? Le concorde civile élargie en aministie générale? La liberté de la presse? Le clergé de Ghlamallah? La grande mosquée d'Alger? Toutes ces questions ne sont pas la priorité. L'urgence de Bouteflika qui a instruit ses ministres "technocrates" n'est pas là, surtout pas à ces niveaux qui engagent la nature et les fondements de l'Etat algérien, mais dans ces opérations de "nettoyage"; un mot qui cache un autre sens, éminemment politique celui-là, le "nettoyage" politique.
R.N
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