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samedi 16 juin 2012

Onze ans après la marche du 14 juin 2001, l’Etat s’est renié : 126 morts, 1 gendarme jugé Lire l'article original : Onze ans après la marche du 14 juin 2001, l’Etat s’est renié : 126 mort - Observatoire des droits de l'Homme Tizi-Ouzou



Vendredi 15 juin 2012
Onze ans après la marche du 14 juin 2001, l’Etat s’est renié : 126 morts, 1 gendarme jugé Lire l'article original : Onze ans après la marche du 14 juin 2001, l’Etat s’est renié : 126 mort
Jeudi 14 juin 2001, plus de 2 millions de personnes ont convergé vers Alger pour dénoncer la répression des manifestations qui ont fait depuis le 20 avril une soixantaine de morts en Kabylie. Organisée à l’appel du mouvement des archs (les délégués des villages et des villes de Kabylie), cette gigantesque manifestation devait culminer par la remise au chef de l’Etat d’une plate-forme de revendication dite d’El Kseur, une charte de 14 revendications. Onze plus tard, la justice est passée sur les cadavres des victimes.
La marche de ce 14 juin 2001 a été réprimée dans le sang, le bruit et la fureur, d’autres manifestations organisées des semaines et des mois plus tard ont été également réprimées tant et si bien que cette révolte qu’on surnomme communément les « événements de Kabylie » ont fait 126 victimes, principalement des adolescents et de jeunes adultes.
Parmi l’une des demandes contenues dans cette plateforme élaborée le 11 juin 2001 - sans doute la plus importante -, figure celle qui réclame « le jugement par les tribunaux civils de tous les auteurs, ordonnateurs et commanditaires des crimes et leur radiation des corps de sécurité et des fonctions publiques. »
Justice est passée
Onze années après cette fameuse marche donc, onze années après la mort du jeune lycéen Massinissa Guermah qui aura été le prélude à cette révolte sanglante, où en est cette revendication ? Les autorités ont-elles tenu leur engagement de traduire en justice les auteurs de ces crimes ? La justice a-t-elle instruit les dossiers ? Des procès ont-ils eu lieu ?
A la vérité, l’Etat a renié ses engagements alors que les délégués des archs qui ont porté ce mouvement- certains à leurs corps défendant pour avoir été traqués et jetés en prison-, ont déserté le combat. Aujourd’hui autant qu'hier, l’impunité a pris le pas sur le devoir de justice.
Engagements reniés
Pourtant, sur ce devoir de justice et sur d'autres revendications encore, le président algérien et son gouvernement s’y sont engagés officiellement.
Mardi 12 mars 2002, la main sur le coeur, Bouteflika faisait l’engagement solennel que « tous les responsables des dépassements et principalement ceux impliqués dans la mort d’homme sont et seront poursuivis par l’Etat (…) »
Ce jour là, le président fut d’une fermeté, d’un aplomb, à tous crins, presque avec la foi d'un moine bénédictin. 
« La justice doit faire son travail en toute indépendance, affirmait-il. J’userai pour ce qui me concerne des pouvoirs discrétionnaires que me confère la Constitution pour que la lumière, toute la lumière soit faite sur les tenants et aboutissants de cette tragédie nationale. Dans ce cadre, je veillerai particulièrement à ce que justice soit faite sans aucune entrave quelle que soit la juridiction saisie, civile ou militaire. En tout état de cause, l’Etat est déterminé à ne pas laisser place à l’impunité. »
Faire toute la lumière sur les tenants et aboutissants de cette tragédie nationale ? Veiller à ce que justice soit faite ? Ne pas laisser place à l’impunité ?
Hormis l’assassin de Massinissa Guermah, tué le 18 avril 2001 dans les locaux de la gendarmerie de Beni-Douala, aucun autre membre des forces de sécurité qui avaient pris part à la répression des manifestations n'a été entendu par la justice, du moins jugé.
24 gendarmes aux arrêts mais pas jugés
Certes, des gendarmes ont été relevés de leurs fonctions peu de temps après les émeutes d’avril et de mai 2001, certainement d'autres ont été mutés de Kabylie vers d’autres régions du pays, certes encore 24 gendarme dont 5 officiers ont fait l’objet de mandat de dépôt pour « chef d’homicide et pour usage abusif d’armes à feu », mais aucun gendarme ou policier a été traduit devant une juridiction civile ou militaire.
Si cela avait été fait, justice aurait été rendue dans le secret.
Le gendarme responsable de la mort du jeune Guermah, Mestari Merabet, a été lui jugé en octobre 2002 par un tribunal militaire de Blida. Reconnu coupable d’homicide involontaire, il a été condamné à 2 ans de prison et libéré le 18 mars 2003.
Quid des auteurs des 125 autres victimes ? Pour l’heure, il semble que l’Etat a décidé de tirer un trait sur le droit des familles à obtenir réparations judiciaire et morale.
Pourtant, trois années après ce serment du président de la république, le gouvernement d’Ahmed Ouyahia a engagé, de son côté,  sa parole, sa crédibilité, sa responsabilité pour traduire devant la justice les auteurs des assassinats.
Protocole partiellement honoré
Le 25 janvier 2005, un protocole d'accord a ainsi été signé par le chef du gouvernement et par des membres de la délégation des archs, accord au terme duquel l'État s'engageait à satisfaire toutes les revendications de la plate-forme d'El-Kseur, notamment le jugement des membres des forces de sécurité.
Sept années après cet accord qui « mettait un terme à la crise en Kabylie », le contrat n’a pas encore été honoré. Les preuves, les indices, les témoins ne manquent pourtant pas.
En mai 2008, Belaid Abrika, ex-porte-parole des archs, celui-là même qui avait paraphé ce protocole, expliquait à Jeune Afrique qu’une vingtaine de gendarmes et de policiers qui ont tiré sur des manifestations ont été identifiés.
« Les preuves et les témoins ne manquent pas pour les confondre, affirmait M. Abrika. Nous avons formellement identifié une vingtaine de tueurs. Des témoins et des blessés se sont présentés devant le juge d'instruction pour livrer les noms et les signalements des gendarmes qui ont fait feu. »
Onze ans après cette fameuse marche du 14 juin 2001, les crimes restent donc impunis et les familles peuvent toujours attendre que justice soit faite pour faire le deuil.
L’Etat est déterminé à ne pas laisser place à l’impunité, disait le président Bouteflika il y a dix ans...

L’argent versé aux familles des victimes
Parmi les engagements pris par le gouvernement Ouyahia en janvier 2005 figure celui des indemnités aux familles des victimes. Celles ont ainsi touché une enveloppe de 2,4 millions de dinars (environ 24 500 euros), alors que les blessés se sont vu attribuer des allocations en fonction de leurs infirmités. L’Etat s’est donc engagé à verser des pensions mensuelles allant de 5 000 à 15 000 DA ( entre 50 à 152 euros).




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