Les drapeaux amazighs étaient présents en masse. Beaucoup de  manifestants étaient enveloppés dans leur drapeaux aux couleur de  Tamazgha, l'antique Numidie (Berbérie). Il y avait également le drapeau  Corse et le drapeau Kurde qui flottaient au côté du drapeau Amazigh et  du drapeau de l'Azawad. Le collectif a confectionné deux grandes  banderoles sur lesquelles ont pouvait lire, " Les Amazighs de France avec l'Azawad", et "Azawad souverain, ni Aqmi ni Mali".  Sur un grand nombre de pancartes étaient inscrit des mots d'ordre  favorable à l'Azawad, au MNLA et aux Touaregs,  un des peuples amazighs  qui vivent depuis des millénaires dans tout le quart Nord-Ouest de  l'Afrique (Afrique du Nord + Sahel).                      
L'objectif de la manifestation, finalement interdite, était  d’interpeller la France officielle sur ses lourdes responsabilités,  celles d'hier et celles d'aujourd'hui, dans le drame que vit l'Azawad  depuis le découpage colonial, de même que dans les massacres que  subissent actuellement les civils azawadiens, victimes des exactions de  l'armée malienne sans que rien ne soit fait pour les en empêcher, et  même pire que cela puisque c'est bien l'armée française qui ouvre la  voie aux soldats maliens qui s'en donnent à cœur joie pour massacrer des  centaines de civils.                     
Les principaux slogans du rassemblement étaient "Halte au néocolonialisme", "Non à la France, Non aux islamistes, Non au Mali", "Pour un Etat fédéral amazigh, fin des frontières coloniales", "Décolonisons Tamazgha", "MNLA seul représentant légitime de l'Azawad".  Une grande pancarte  était réservée à Abdoul Karim Ag Matafa, enlevé à  Ménaka, par l'armée malienne dans des circonstances très obscures qui  mettent en jeu la complicité de la France. Abdoul Karim Ag Matafa a été  enlevé avec trois combattants du MNLA suite à un RDV avec un officier  français, comme le stipule un communiqué du MNLA qui a été depuis  suspendu en attendant la suite de ce trouble évènement. Sur une autre  pancarte, on pouvait lire "la France livre nos frères pour le pétrole et l'uranium".                      
Ce samedi, le 16 février, à l'appel du collectif de soutien à  l'Azawad, les azawadiens et le MNLA ont bénéficié du soutien des  amazighs mais aussi de bon nombre de peuples, dont le peuple kurde. Sur  une affiche plastifiée, on pouvait lire "le peuple kurde solidaire du peuple amazigh dans son combat pour l'égalité".  Les représentants du Kurdistan n'ont pas pu prendre la parole pour  exprimer leur soutien en raison d'une autre manifestation en faveur des  kurdes de Syrie mais ils ont tenus à venir apporter leur soutien avant  d'aller rejoindre la manifestation kurde. Il y avait également la  présence d'artistes kabyles tel que Malika Domrane et Tenna, venues  apporter leur soutien à la cause de l'Azawad.                     
Le rassemblement a débuté par la lecture de la lettre rédigée par  le collectif et remise au cabinet de Laurent Fabius, ministre français  des affaires étrangères. C'est Nadia Ouldsaid, membre du collectif des  Amazighs de France qui a lu cette lettre dans laquelle il était précisé  que l'Azawad avait été "discriminé par  la France dans la mesure où il n'avait jamais bénéficié d'aucune aide  dans la lutte qu'il mène seul, depuis des années, contre le terrorisme." réduisant ainsi le MNLA "à  affronter seul une coalition d'islamo-terroristes et de  narcotrafiquants qui sévissent dans l'Azawad depuis plus de 10 ans à  l'ombre des régimes maliens."                      
La lettre souligne également que les Amazighs de France, considèrent que "la  responsabilité de la France est doublement engagée dans le drame que  vit le peuple Touareg de même que l'ensemble des communautés de  l'Azawad. D'abord dans la création d’un Etat artificiel qui a refusé de  tenir compte de la volonté des peuples concernés, notamment du peuple  Touareg, puis dans l’opération Serval puisque celle-ci semble prendre  l'allure d'un règlement du problème malien qui passerait par le  sacrifice des aspirations des Azawadiens livrés à la vengeance du  pouvoir malien". Un pouvoir malien dont il convenait par ailleurs de "souligner l'illégitimité institutionnelle, car issu directement d'un coup d'Etat militaire.".                      
A travers cette lettre, le collectif a également rappelé que le MNLA est un "mouvement démocratique et laïc qui n'a d'autres buts que la défense des droits et des intérêts du peuple de l’Azawad". Des droits "normalement garantis par le droit international relatif au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes". Le collectif a également préconisé "de  mettre en place une force d’interposition onusienne comme l'ont suggéré  récemment le Président François Hollande et le Vice-Président américain  Joe Biden" afin de "garantir la protection des populations" et d'éviter "tout nouveau conflit".                     
Nadia Ould Said a également demandé à tous les participants de  bien vouloir envoyer cette lettre à Laurent Fabius, Ministre français  des affaires étrangères, au 37 quai d'Orsay                     
Le porte parole du MNLA, Mossa Ag Attaher qui devait être là pour  cette manifestation n'a pas eu son visa français. C'est Moussa Ag  Assarid qui a pris la parole pour représenter l'Azawad. Il a commencé  par remercier les amazighs pour leur soutien aux touaregs mais aussi à  l'ensemble des composantes de l'Azawad car l'Azawad est effectivement  multiple. Puis il a retracé l'Histoire de l'Azawad depuis la première  révolte de 1963 en précisant que l'Azawad n'a rien contre le peuple  malien qualifié de "peuple frère"  mais contre un système qui a marginalisé les populations du Nord qui  n'a cessé de vivre au rythme des révoltes pour acquérir le droit à une  vie de dignité et de liberté. "Nous ne sommes contre aucun peuple au monde" dira-t-il mais "aujourd'hui il y a bien un risque d'ethnocide , de génocide dans l'Azawad" et "c'est  la responsabilité de la France, en premier lieu, et de la communauté  internationale, de tout faire pour que cela n'arrive pas". Moussa Ag Assarid est revenu sur les massacre relayé par la presse dans plusieurs localité du Sud comme de l'Azawad: "l'armée  malienne est en train de massacrer notre population et c'est suite à la  venue de l'armée française dans l'Azawad que l'armée malienne est  revenue et commet des massacre sur les populations civiles". Moussa Ag Assarid a attiré l'attention sur les milices ethniques "formée, équipée  et lancée pour commettre des crimes déjà commis en 1990".  Il a également rappelé l'arrestation de Abdoul Karim Ag mataf et de ses  trois compagnons aujourd'hui entre les mains des maliens ou des milices  en demandant leur libération immédiate et sans condition. Citant  l'Aménokal des Ifoghas, Intalah Ag Attaheri, il dira à propos de la  France: "Vous êtes venus nous coloniser  et en partant, vous nous avez mis entre les mains du Mali. Aujourd'hui  vous revenez et vous devez régler les problèmes qui n'ont jamais été  réglés depuis des décennies"                     
Ensuite plusieurs intervenants se sont succédés à la tribune pour  exprimer leur solidarité avec les azawadiens qu'ils soient Touaregs,  Peuls, Songhais ou Maures. Parmi les intervenants, il y avait  François  Alfonsi, président du Friendship euro-amazigh, Ferhat Mehenni, président  de l'Anavad, Fathi Nkhlifa, président du Congrès mondial amazigh, Jean  Jacob Bicep eurodéputé Europe- Ecologie, Malika Matoub de la Fondation  Matoub Lounes, Mona Bras ,Vice Présidente de Régions et Peuples  Solidaires, et Gael Simon, assistant de Paul Molac qui est venu  représenter le député français.                      
Plusieurs représentants d'associations et de mouvement amazighs,  dont certains sont membres du collectif, ont également pris la parole  pour se porter solidaire de l'Azawad, des Touaregs et du MNLA. Tous ont  dénoncé la position de la France qu'ils considèrent à l'unanimité comme  étant la principale responsable du drame des Touaregs et de l'Azawad.                      
Mona Bras ,Vice Présidente de Régions et Peuples Solidaires a rappelé au cours de son allocution que "les breton et les corses sont les premiers peuples à avoir subi la colonisation française et qu'ils continuaient à la subir".                     
Fathi N Khlifa, le président du Congrès mondial Amazigh, a insisté pour souligner que "Ce  qu’il était important de comprendre, c’est que ce qui s’est passé dans  l’Azawad ne se réduit pas à quelques rebelles qui ont pris les armes  contre l’armée malienne. C’est une vraie révolution". Sur la responsabilité française dans ce drame azawadiens, le président du Congrès mondial amazigh dira "Le  gouvernement français savait tout de la corruption du gouvernement  malien, de ses liens avec les trafiquants et les groupes armés  fondamentalistes. Le Mali n’était qu’un nom : le gouvernement malien n’a  jamais existé au Nord. Sinon, comment croyez-vous possible que le MNLA  ait pu conquérir tout le Nord en deux mois en 2012 ?". Fathi Nkhlifa précisera par ailleurs que  "Le  MNLA n’est pas juste un mouvement touareg, il représente tous les gens  du Nord. Le vice-président du MNLA est un Songhaï. Mais nous parlons  beaucoup des Touaregs parce que ce sont eux qui ont pris les armes et  donné leur sang. Ce sont les seuls. Ils se sentent intimement liés à ce  territoire."                     
Ferhat Mehenni, Président du Gouvernement provisoire kabyle, a rappelé que l'on pouvait  "contraindre le MNLA à renoncer à sa déclaration d'indépendance" mais qu' "une fois que la France partira, il n'y aura pas de nouveau Mali, les pratiques anciennes reprendront le dessus". Fustigeant le rôle de la France, il a souligné l'incohérence de ses positions en rappelant que "la France est en train de soutenir aujourd'hui les putschistes qu'elle dénonçait hier". Puis il a rappelé le rôle nuisible de l'Algérie officielle : "C'est  par peur de la contagion de l'indépendance de l'Azawad vers  l'indépendance de la kabylie que l'Algérie a  crée, armé, et financé le  Mujao, Ansar Dine", il rajoutera que "l'Aqmi est aussi son œuvre". Poursuivant dans la mise à nu des noirs dessins de l'Algérie officielle, il dira "C'est l'Algérie qui a donné ordre à Ansar Dine d'attaquer Bamako pour précipiter l'intervention française" mais, précise-t-il: "une  fois que la France est arrivée, où est Ansar Dine, ou est le Mujao,? il  n'y a que le vrai qui reste: le MNLA ! le MNLA est un acteur  privilégié, il est légitime et personne ne peut l'enlever de la table  des négociations pour le droit à l'autodétermination de l'Azawad". C'est en s'adressant à la France officielle que Ferhat Mehenni termine son propos "Nous  souhaiterions que la France comprenne une bonne fois pour toute que les  frontières héritées de la colonisation sont un enfer pour les peuples  et sont un frein au développement de la démocratie et de la liberté et  de la prospérité en Afrique".                     
François Alfonsi, eurodéputé corse et président du Friendship euro-amazigh, a rappelé à la France officielle que "Les exactions de l’armée malienne et des milices qui lui sont associées engagent la responsabilité de la France". Il a également appelé à la tenue d'une  "conférence sur l’avenir de l’Azawad" dans laquelle précise-t-il le MNLA "a toute sa place" François Alfonsi a précisé que "Sur  le front militaire, le MLNA participe à l’action aux côtés de l’armée  tchadienne et de l’armée française. La presse internationale en a fait  état. C’est un fait militaire dont il faut tirer les conséquences  politiques. Les autorités françaises ont pris l’initiative de  l’intervention militaire, mais elles ne peuvent en rester là.  L’initiative militaire doit s’accompagner d’une initiative politique.  Une conférence sur l’avenir de l’Azawad doit impérativement être réunie,  et c’est à la diplomatie française d’en prendre l’initiative, avec  l’appui des organisations internationales majeures comme l’ONU, en  associant l’Union Européenne, et en l’ouvrant à toutes les forces  parties prenantes de la lutte contre le terrorisme. Le MLNA a toute sa  place dans une telle conférence, comme il a aujourd’hui toute sa place  dans l’action militaire."                      
Les interventions des invités étaient entrecoupées de passages  musicaux de toutes les régions de la vaste Tamazgha. Des airs Tamashek,  Kabyles, Rifains, Chelha, Chaoui ont enchanté les quelques 300  participants et même les services de sécurité ont apprécié le  déroulement ordonné du rassemblement malgré la gravité de la situation  et le ressentiment Amazigh vis à vis de la France. Il faut toutefois  préciser que ce 16 février, la préfecture de police avait accordé deux  manifestations, le même jour, à la même heure; mais comme nous dira un  des policiers en faction "les  manifestations berbères (amazighs) ne posent jamais de problème de  sécurité, ce ne sont ni des extrémistes, ni des terroristes".       
A la fin du rassemblement de solidarité avec l'Azawad, plusieurs  manifestants dont la plupart des membres du collectif des amazighs de  France qui ont organisé cette action de solidarité avec l'Azawad sont  allé rejoindre, devant l'ambassade du Maroc à Paris, un autre sit in de  protestation contre la répression des manifestations amazighes de  Hoceïma et d'Agadir.                     
Le collectif des amazighs de France s'est promis de s'organiser en  véritable rempart contre  le déni d'existence, la répression et la  spoliation de tous les amazighs sur la terre de leurs ancêtres.                      
En pièce jointe, la lettre adressée à Laurent Fabius, Ministre français des affaires étrangères.        
Le collectif des Amazighs de France demande à toutes les bonnes  volontés de l'envoyer à leur tour au ministère des affaires étrangères.                     
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SIWEL 200117 FEV 13