Au Mali, les troupes françaises combattent des islamistes entraînés par les américains !
Etrange pays que le Mali, pour sûr. Quand on y trouve pas des tri-réacteurs calcinés qui ont servi à transporter une dizaine de tonnes de cocaïne, on y trouve, on l'a vu, des Toyota, modèle Land Cruiser, fort prisées dans le pays. C'est ce qui équipe les islamistes qui aiment tant parader avec, en rangeant leurs véhicules sagement en rang d'oignons pour la photo. Des islamistes devenus de très bon combattants, au point d'avoir réussi ses derniers mois à repousser les troupes officielles maliennes à plusieurs reprises, au point d'inquiéter, on l'a vu, la France qui craignait qu'à ce rythme-là la capitale tombe entre leurs mains. D'où l'offensive déclenchée, qui envoie des soldats français se battre contre des islamistes.... en réalité entraînés par des américains, roulant dans des voitures offertes par les américains, comme vient juste de le rappeler le Canard Enchaîné du jour. Ce n'est pas le moindre des paradoxes de cette guerre qui vient de débuter, et pas la moindre des surprises en tout cas....
Leur rôle exact a été décrit par le Temps, journal suisse (intéressé par l"usage de ses propres Pilatus, fleuron national), qui décrit l"usage de... mercenaires à bord : "ce sont les forces spéciales de l’armée, et non la CIA, qui équipent ces appareils pour une lutte semi-clandestine visant Al-Qaida au Maghreb, le groupe terroriste Boko Haram au Nigeria ou les shebab somaliens. Une large partie de ces opérations est confiée à des sous-traitants privés. « Ces gens sont souvent d’anciens militaires, qui installent l’électronique à bord et servent d’opérateurs dans les avions », explique un analyste duGCTAT, un institut d’étude du terrorisme basé à Genève. En 2011, Sierra Nevada, l’entreprise en charge des programmes de surveillance en Afrique baptisés Creek Sand et Tusker Sand, a empoché plus de 817 millions de dollars de commandes de l’Etat américain, dont 355 millions d’« accessoires et composants divers pour avions ». La nature exacte des missions effectuées par les PC-12 est couverte par le secret militaire, mais leur caractère indirectement meurtrier ne fait guère de doute. Selon le Washington Post, il s’agit notamment de transporter des commandos chargés de « traquer et tuer des suspects de terrorisme ». Le profil LinkedIn d’un ancien employé de R4, une société qui gérait une flottille de Pilatus depuis Entebbe, en Ouganda, est assez explicite à ce sujet. Il mentionne, parmi les tâches qu’il a effectuées, « l’entraînement de forces locales africaines », mais aussi la « préparation du ciblage de personnalités ennemies de grande valeur et l’exécution des missions de combat subséquentes. »
Bien entendu, l'avion a été acheté comme civil à la Suisse, pour éviter les déboires juridiques : "le choix de l’avion suisse s’explique bien, selon les spécialistes consultés par Le Temps. Facile à piloter, il peut embarquer beaucoup d’électronique et du personnel pour s’en servir. Il vole bien et longtemps, est économique et peut décoller de pistes en terre courtes ou en mauvais état. Un document du Pentagone déniché par le Washington Post précise que « le commandement africain [de l’armée américaine] préfère de loin l’utilisation du Pilatus PC-12/47E NG comme plateforme de senseurs. » Le fabricant basé à Stans (NW), de son côté, ne fait pas de commentaires."
L'endroit principal d'où partent les avions espions étant au Burkina Faso, à Ouagadougou, la capitale du pays "l'un des pays les plus pauvres d'Afrique" note le Post. "En vertu d'un programme de surveillance classifié au nom de code Sand Creek, des dizaines de militaires américains et les entrepreneurs sont venus à Ouagadougou ces dernières années pour mettre en place une petite base aérienne sur le côté militaire de l'aéroport international. Les avions espions américains non armés volent des centaines de miles au nord du Mali, de la Mauritanie et du Sahara, où ils recherchent des combattants d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, un réseau régional qui kidnappe les Occidentaux pour obtenir une rançon."
Les USA avaient donc un œil sur l'Afrique. Sinon plusieurs ! Pour montrer qu'on s'intéressait un tant soi peu au Mali, l'Amérique d'Obama va donc officiellement sortir l'artillerie... humanitaire (avec la célèbre USAIDS, ce nid d'espions) et à la fois lancer ses troupes spéciales dans le pays. "Cette année" , explique Eric Schmitt du NYT, "l'Agence américaine pour le développement international consacre ici 9 millions de dollars pour les mesures antiterroristes. Une partie de l'argent sert à développer un programme de travail actuel de formation pour les femmes et pour fournir aux jeunes hommes maliens du nord les compétences de base pour créer des entreprises comme des petites entreprises de minoteries ou de bovins. Une aide sera aussi la formation des enseignants dans les écoles paroissiales musulmanes dans le but de les empêcher de devenir des incubateurs d'anti-américanisme. L'agence travaille également à la construction de 12 stations de radio FM dans le nord pour relier des villages reculés à un réseau d'alerte rapide qui envoie des bulletins sur les bandits et d'autres menaces. Le Pentagone va financer en quatre langues nationales, les feuilletons radiophoniques pour promouvoir la paix et la tolérance. « Les jeunes gens du Nord sont à la recherche d'emplois ou quelque chose à faire dans leur vie", a déclaré Alexander D. Newton, le directeur de la mission de l'USAID au Mali. « Ce sont les mêmes personnes qui pourraient être sensibles à d'autres messages de sécurité économique ». Un tel message, on le voit, paraissait déjà complètement déconnecté... ou pire, insidieux : il était tellement ridicule qu'on pouvait se demander s'il ne servait pas seulement de façade à d'autres activités... celles révélées par l'accident de Bamako, justement. Le souvenir des radios distribuées aux Afghans dans les années 80 que les talibans avaient pris un malin plaisir à écraser à coups de talon est encore vivace : ils refont toujours les mêmes plans !
Le commentaire de la photo valant son pesant d'or, aujourd'hui : "les exercices du lundi à Kita, un stand de tir dans la savane près de la capitale du Mali, Bamako, ne sont qu'une étape d'un ambitieux programme mené par le Pentagone Africa Command, ou AfriCom, pour fournir un haut niveau de formation dans six pays africains pendant trois semaines ce mois-ci. Plus de 200 bérets verts de l'armée et des membres du Corps des Marines des Forces d'opérations spéciales ont été déployés au Mali, en Mauritanie et d'autres pays qui bordent le sud du désert du Sahara. L'exercice annuel, connu sous le nom « Flintlock », a pour but d'être plus musclé pour faire face à des trafiquants et à Al-Qaïda liés à des terroristes effectuant desopérations de plus en plus complexes dans cette vaste région à porosité de frontières et aux tribus anarchiques". "Ambitieux"... en trois semaines seulement ? La présence de photographes des armées laissant entendre que ce n'était que pour la galerie... une impression confirmée par le débarquement d'un Osprey venu montrer ses talents aux maliens incapables d'en acheter un seul exemplaire. La démonstration sera réussie, mais au retour la merveille à rotors... tombera en panne.
Former vite fait une armée malienne qui était en effet famélique, car composée de 6000 soldats seulement, et qui ne disposait même pas de véhicules équivalents à ceux qu'elle était censée pourchasser. D'où le don "royal" accordé royalement par Obama de véhicules "performants" destinés à l'armée malienne, comme j'avais pu vous l'expliquer déjà ici. "En octobre 2009, l’administration Obama annonçait un nouvel ensemble de mesures majeures d’assistance pour la sécurité du Mali qui ont été fournies le 20 octobre 2009. L’ensemble de ces mesures, évaluées à 4.5 à 5 millions de dollars (2,3 milliards de CFA), porte sur la remise de 37 camions Land Cruiser, du matériel de communication, des pièces de rechange, des habits et d’autres équipements individuels. Il a pour but de renforcer la capacité du Mali à transporter et à communiquer avec les unités de la sécurité intérieure (la contre insurrection) dans tout le pays et de contrôler ses frontières. Ces mesures d‘assistance à la sécurité sont officiellement connues sous le nom de Counter Terrorism Train and Equip Programme (Programme de formation et d’équipement anti-terroriste - CTTE). Bien que ce programme doive ostensiblement aider le Mali à faire face aux menaces potentielles de la part d’Al Qaeda au Maghreb, il est plus probable que cet équipement sera utilisé contre les forces touareg insurgées".
Cela s'appelle assurer le service après vente, en fait : on fomente des conflits, et après on débarque en disant "mais vous savez, j'ai ce qu'il vous faut pour éviter tout ça chez vous". Les VIPs du lobby militaro-industriel US sont décidément très fort : ils savent même frapper aux portes du désert ! Et pour ça, fabriquer des "Al-Qaida" où bon leur semble !
(*) explication alors donnée à ses activités : "l’avion était en mission de routine pour conduire la coordination de futurs moyens d’entrainement et de transports".